- Avant-garde, nom féminin
- Détachement de sûreté rapprochée agissant en avant d’une troupe en marche, pour la renseigner, la couvrir, et faciliter son engagement.
- Groupe, mouvement novateur dans le domaine intellectuel, technique ou artistique.
Le temps fuit, l’Europe doit faire évoluer son modèle économique. Effectuer les investissements nécessaires à la transition écologique, réduire les inégalités, fédérer l’ensemble de la société autour d’un nouvel horizon, retrouver de la souveraineté européenne, faire de notre continent l’avant-garde technologique et industrielle, tout en assurant sa défense dans un contexte géopolitique incertain : voilà la dure tâche à laquelle les décisionnaires doivent s’atteler, en construisant une vision cohérente et durable.
Au cours des trente dernières années, un certain esprit économique s’est enraciné : la libéralisation des échanges serait toujours souhaitable, sans être inquiétée par des facteurs géopolitiques ou climatiques ; l’État providence ferait peser une « charge », qu’il faudrait réduire au nom de la compétitivité ; les cycles économiques auraient disparu ; la discipline de marché devrait être le maître-mot et les politiques d’austérité seraient la garantie de la soutenabilité de la dette publique ; la boussole budgétaire serait l’unique guide, les questions sociales seraient résolues par le ruissellement, et les ressources naturelles seraient illimitées.
Ces totems s’effondrent. La pensée académique évolue, les pratiques aussi. Des avancées ont certes été effectuées, à l’instar du plan de relance européen « Next Generation EU », mais elles restent des réponses à des crises perçues comme spécifiques et sporadiques avant de rétablir l’ancien modèle. Par manque de vision d’ensemble, ces nouvelles politiques sont désordonnées, et parfois regrettables. Notre approche face à la conversion américaine aux « Bidenomics » est symptomatique de cette difficulté à nous réinventer ; nous sommes plus défensifs que nous ne réfléchissons aux failles de notre propre modèle. En substance : les pratiques évoluent, mais les doctrines qui fondent les politiques économiques ne changent pas.
Notre modèle économique est encore organisé autour de grands principes datés. Pour en évoquer quelques-uns : la BCE n’est soumise qu’à un faible contrôle démocratique, alors que son rôle dépasse le simple maintien de la stabilité des prix ; son action a des implications environnementales, budgétaires, et sociales. Le Pacte de stabilité et de croissance est en train d’être réformé, mais la rengaine des règles rigides et procycliques continue à résonner. L’organisation des chaînes de valeurs mondiales interroge les notions d’autonomie, de sécurité et de souveraineté de nos politiques économiques. Les indicateurs et outils statistiques qui motivent les décisions restent figés.
Nous proposons de forger le maillon manquant : une nouvelle doctrine à l’intention des praticiens qui s’appuie sur la recherche pour accélérer l’évolution des pratiques.
L’Institut Avant-garde est un think tank non partisan qui développe des analyses et des propositions concrètes pour les décideurs, les universitaires, et toutes les générations de penseurs et de citoyens. Quatre principes nous guident :
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- Édifier une vision systémique : les débats portent souvent sur des réformes particulières ; il nous semble important de les décloisonner et de développer une vision d’ensemble cohérente, indispensable, entre autres, à la planification écologique. Notre principe est que le maintien à tout prix de l’organisation existante des institutions, et l’application systématique de logiques de marché ne sont pas des fins en soi. Les structures économiques doivent être pensées pour évoluer en fonction des enjeux, et répondre à des objectifs démocratiquement discutés.
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- Apporter une expertise académique forte : une vision large ne doit omettre les détails ni se passer de technicité. Un décalage existe trop souvent entre l’évolution de la recherche, les doctrines économiques en vigueur et la fabrique des politiques publiques. Nous traduisons l’état de l’art académique en propositions de politiques publiques crédibles aux yeux des décideurs.
- Apporter une expertise académique forte : une vision large ne doit omettre les détails ni se passer de technicité. Un décalage existe trop souvent entre l’évolution de la recherche, les doctrines économiques en vigueur et la fabrique des politiques publiques. Nous traduisons l’état de l’art académique en propositions de politiques publiques crédibles aux yeux des décideurs.
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- Tisser des liens entre les disciplines : nous invoquons les dernières recherches en macroéconomie, mais nous ne voulons pas nous en tenir à une approche strictement économique. L’histoire économique, la science politique, la géopolitique, les sciences du climat, la sociologie, l’anthropologie, ou encore la philosophie enrichissent et élargissent notre vision.
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- S’appuyer sur un réseau de think tanks européens : aujourd’hui, les think tanks se nichent essentiellement à l’échelle nationale ou bruxelloise ; le European Macro Policy Network, dont nous faisons partie, enrichit ce paysage d’un troisième niveau continental. Une idée anime cette initiative lancée par l’institut allemand Dezernat Zukunft : si les désaccords entre nos gouvernements sont nombreux, il existe un courant intellectuel uni en faveur du changement.
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Illustration : Peinture au centre vert, Kandinsky (1913)